Rappeur sénégalais, 50x50 cm huile sur bois (Cité internationale des arts, Paris)
mardi 23 juillet 2013
mardi 9 juillet 2013
lundi 8 juillet 2013
"Distractions"
L’univers dans
lequel nous plongent les peintures de Leslie Amine évoque des espaces que l’on
situerait sous les tropiques, dans la touffeur de l’air. Des juxtapositions, de
lieux et de moments différents richement dépeints, nous rappèlent les descriptions
extrêmement détaillées et ciselées des contextes décrits par l’écrivain V. S.
Naipaul dans ses romans.
L’acidité de
certaines couleurs et l’association de plages contrastées qui s’entrechoquent
génèrent une tension dans l’espace pictural des tableaux.
Cet état nous fait
percevoir à la fois une sorte de mélancolie ou de fatalisme insulaire d’où
émergent des explosions d’énergie, des réminiscences de formes, de visages, de
silhouettes, de masques ou de statuettes qui font travailler notre mémoire
visuelle et agissent sur nos sentiments. L’alternance et les enchevêtrements de
motifs, de figures humaines, d’éléments architecturaux et de patterns
décoratifs sont le prolongement d’un vocabulaire formel que Leslie Amine avait
déjà abordé dans certains de ses travaux antérieurs. Mais on sent dans cette
exposition une certaine jubilation née de l’approfondissement de la pratique
picturale, une exploration tout azimut des possibilités offertes par le travail
de la peinture à l’huile et une grande souplesse dans la variété des
combinaisons de formes qui composent les œuvres.
Cette attention
portée à un éventail technique étoffé se déploie sur toute la surface des
toiles et également sur des panneaux de bois dont l’aspect révèle même une
certaine violence dans les interventions plastiques. Cette volonté se veut
l’écho d’une recherche plasticienne exigeante qui peut aller jusqu’à l’accident
volontaire dans la confrontation avec les supports peints.
Cette impression de
frôler les limites est en relation avec les images qui se superposent et qui
nous parlent d’endroits que l’on ne peut pas vraiment situer, d’actions
inscrites dans des strates de souvenirs qui nous échappent, dans des résidus
mnésiques borderline.
Le vocabulaire
plastique qui nous vient en analysant les surfaces s’avère riche :
empâtement, biffure, giclure, strie, aplat, éclaboussure, dégradé, fondu,
superposition… Cela éclaire alors l’apparente banalité de l’image du carton
d’invitation lorsque l’on comprend ce que celle-ci sous-entend comme plongée
dans l’élément pictural. Ce grand plaisir dans le mixage des gestes du peintre
que l’on pourrait relier par certains aspects à ce que l’on peut observer chez
David Salle ou Daniel Richter ainsi qu’une grande exubérance dans l’usage de la
couleur et le propos formel donnent à cette peinture un caractère à l’opposé du
déceptif. Répondant au triturage de la matière et des pigments, le langage
thématique des tableaux, peints comme des palimpsestes, apparaît comme un
brassage de références métisses entre vision fantasmagorique,
néo-expressionnisme et pattern painting.
Au-delà des œuvres
que l’on a pu admirer dans l’exposition Distractions,
on a envie de savoir vers quel territoire va nous entraîner Leslie Amine dans
le développement futur de son travail.
En tous cas, on ne
peut pas se laisser tromper par le titre de cette sélection. Celui-ci est un
leurre. La confrontation aux peintures, loin d’être un plaisant divertissement,
requiert bien au contraire toute notre attention. Car ce que l’on perçoit alors
justifie que « tout tableau est sommeil en attente d’un guetteur vigilant. »[1]
Alain
Fraboni
2013
[1] Michel Weemans, Le paysage extravagant. Herri met de Bles. Le mercier
endormi pillé par les singes, Paris, éditions 1 :1 (ars), mai 2009.
mardi 2 juillet 2013
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